Vous avez sans doute déjà observé votre cheval avec la tête levée, les narines dilatées et la lèvre supérieure retroussée ?
Ce comportement, souvent amusant à première vue, peut évoquer l’image d’un cheval imitant un singe, avec une expression assez comique. Cependant, le réflexe de Flehmen pourrait aussi être le signe de quelque chose de plus sérieux, comme une douleur. Dans cet article, nous allons plonger dans les mystères du Flehmen pour mieux comprendre les messages de nos compagnons équins.
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Qu’est-ce que le Flehmen ?
Le terme « Flehmen » vient de l’allemand et signifie « retrousser la lèvre supérieure ». Les Allemands ont vraiment un mot pour tout !
Cette faculté n’est pas propre aux chevaux. On l’a retrouve chez de nombreux mammifères (pas des humains), y compris les félins, les ruminants, les équidés. On la retrouve même chez certains reptiles, comme les serpents.
En retroussant leur lèvre supérieure, ces animaux activent leur organe voméronasal, aussi connu sous le nom d’organe de Jacobson, qui permet la détection des phéromones et l’analyse des odeurs.
Le schéma ci-dessus illustre l’emplacement de l’organe de Jacobson. Cet organe est précieux pour ces animaux. Chez les chevaux, il leur sert, par exemple, à détecter si une jument est en chaleur ou à examiner de nouvelles odeurs. Une mère peut même reconnaître son poulain grâce à ce dernier.
Généralement, si un cheval urine à proximité d’un autre, l’odeur peut être si prononcée que le second cheval pourrait faire le Flehmen pour tenter de décrypter l’information. Dans de telles situations, le phénomène est plutôt anodin et ne suscite pas d’inquiétude.
Tant que votre cheval manifeste le Flehmen dans des contextes qui semblent « amicaux » ou curieux, il n’y a généralement pas lieu de s’inquiéter.
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Quand faut-il s’inquiéter, alors ?
Le Flehmen devient préoccupant lorsqu’il se manifeste dans des circonstances « normales », c’est-à-dire, sans nouvelles odeurs, sans présence d’autres chevaux, etc.
Imaginez : vous brossez tranquillement votre cheval et soudain, sans raison apparente, il fait le Flehmen. Ce comportement peut souvent être accompagné d’autres signes révélateurs : tête basse, regard porté vers les flancs, grattage du sol, envie de se rouler… En somme, il est fréquemment associé à une douleur abdominale.
En clair, il peut être le signe d’une colique ou d’un bouchon œsophagien. Je ne suis pas vétérinaire et mon rôle n’est pas de poser un diagnostic, mais je tiens à souligner qu’un Flehmen accompagné de l’un de ces symptômes devrait vous inciter à appeler votre vétérinaire pour savoir quelle conduite tenir.
Il n’est pas toujours nécessaire qu’il se déplace, mais seul un professionnel pourra vous le dire après l’avoir consulté. J’ai moi-même déjà contacté un vétérinaire pour un début de colique (cheval couché, Flehmen, refus de s’alimenter) qui s’est résolu de lui-même après 30 minutes… J’ai dû annuler la visite.
J’espère que les Flehmen de votre cheval seront toujours dans un contexte sympa et sans souci, mais en cas de doute, un appel au vétérinaire est toujours la meilleure décision.
J’ai écrit un article sur les coliques si vous souhaitez davantage d’informations : Détecter et agir face à une colique
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Quel est le rapport entre le Flehmen et la douleur ?
Vous vous demandez probablement, tout comme moi, quel est le lien entre un organe destiné à analyser des odeurs/phéromones et la douleur. Eh bien, sachez que je n’ai trouvé aucune étude permettant de comprendre définitivement ce comportement…
Les raisons pour lesquelles un cheval peut présenter le Flehmen en réponse à la douleur restent des hypothèses basées sur des observations comportementales.
Voici quatre suppositions courantes :
Réponse à des stimuli internes : En cas de colique ou de douleur abdominale, les chevaux peuvent devenir plus réceptifs aux sensations internes. Le Flehmen pourrait être une tentative de gérer ou de comprendre cette sensation inhabituelle.
Communication de l’inconfort : Les chevaux, en tant qu’animaux sociaux, peuvent recourir à divers comportements pour signaler leur mal-être à leurs congénères ou aux humains. Le Flehmen pourrait être l’un de ces moyens d’expression.
Réaction aux phéromones : La douleur ou le stress pourrait altérer les phéromones ou d’autres signaux chimiques émis par le cheval, provoquant ainsi le Flehmen en tant que réponse à ces modifications.
Geste de diversion : Le cheval pourrait faire le Flehmen pour détourner son attention de la douleur et se concentrer sur autre chose, dans une sorte de mécanisme d’auto-apaisement.
Ces hypothèses, bien qu’intéressantes, ne reposent pas sur des bases scientifiques solides. Si vous lisez mon blog, vous savez combien j’accorde d’importance à la science. Néanmoins, cela reste captivant de tenter d’expliquer un comportement qui, à première vue, ne semble pas lié à la douleur.
J’espère que cet article vous a éclairé sur le pourquoi du comment du Flehmen et vous aidera à mieux interpréter les comportements de votre cheval.
Comme toujours, n’hésitez pas à partager vos histoires ou questions dans les commentaires ci-dessous.
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