Déménager, rester ?
Il y a des décisions qu’on n’arrive pas à prendre. Pas parce qu’on ne sait pas quoi faire… Mais parce qu’on a trop peur de mal faire, ou tout simplement… Peur du changement.
Pendant plusieurs mois, j’ai senti que quelque chose n’allait plus dans le lieu de vie de ma jument. Pas de scandale. Pas de gros souci visible.
Mais… Ma jument a eu une colique pour la première fois depuis plus de dix ans suite à une erreur dans son pré, elle avait beaucoup trop perdu durant l’hiver et enchaîné les abcès. Les problèmes se sont succédés pendant plusieurs mois.
Elle restait bien mentalement, car elle était chez elle avec ses copains mais, elle devenait trop demandeuse. Il n’y avait pas assez d’herbe, pas de foin en continu, pas d’ombre l’été à certains moments de la journée (j’ai honte d’avoir accepté ça…), son terrain avait été rétréci et elle avait maigri. Je voyais bien qu’elle compensait en venant vers moi encore plus que d’habitude.
Et pourtant… je l’ai laissée. Parce que je connaissais cette écurie par cœur, parce que je l’aimais bien, parce que j’avais mes habitudes… Aucune raison valable.
Au fond, je savais qu’en n’agissant pas, je prenais une décision… mais pas la bonne.
Ce n’était plus le bon endroit, ni pour elle, ni pour moi. Il fallait agir.
Attention, ce n’était pas un enfer, c’était même un petit paradis pendant de nombreuses longues années. Simplement… les choses évoluent et c’est la vie.
Pourquoi on reste, même quand on sait que ça ne va plus
On s’habitue à tout. C’est humain. Même à un lieu qui ne convient plus vraiment.
On s’attache aux chemins de randonnée, aux gestes quotidiens devenus faciles et pratiques, aux personnes surtout. Et on finit par confondre attachement et confort.
Pour beaucoup (ce n’était pas mon cas), il y a la peur du regard des autres. Quand on commence à évoquer un départ, certains te font vite comprendre que “ce n’est pas nécessaire”, que “tu cherches la petite bête”. On n’a pas envie de passer pour la reloue de service, ni de décevoir. Alors on reste.
Et pendant ce temps, le cheval, lui, s’adapte. Il fait avec. Jusqu’au jour où il n’a plus rien à adapter, parce qu’il est juste… en manque.
La distance depuis chez soi, le lieu, la peur de l’inconnu… Il existe des milliers de raisons pour ne pas déménager son cheval.
En réfléchissant beaucoup, j’ai réalisé que la principale, c’était… la flemme.
Chercher, c’est chiant, visiter, c’est chiant, prendre des décisions, c’est chiant !
Mais n’oubliez jamais, comme je l’ai dit plus haut : ne pas prendre de décision, c’est prendre une décision.
Quand le bien-être du cheval devient plus important que la peur du changement
On oublie souvent à quel point nos chevaux dépendent de nos décisions. Ils n’ont aucun contrôle sur leur lieu de vie, leur environnement social, la qualité de leur alimentation.
Et pourtant, on hésite à changer ce qu’on sait être insuffisant… parce que ça nous bouscule, nous.
Ce que j’ai fini par comprendre, c’est qu’il ne s’agissait pas d’avoir une pension “parfaite”, mais juste un lieu plus adapté à notre cheval.
Mon avis aujourd’hui, c’est qu’on doit avoir un cheval heureux, avec des copains, toujours de l’eau, de quoi manger, bouger, qui ne patauge pas trop dans la boue en hiver. Un cheval bien, à qui il ne manque rien, et pour qui notre présence n’est qu’un petit plus, qu’un divertissement.
Choisir autre chose, faire des compromis contre son bien-être, ne devrait même pas être envisageable une seule seconde.
Je fais partie des personnes qui pensent qu’on ne devrait pas avoir un cheval si on ne peut pas lui offrir des conditions de vie optimales à cause de notre lieu de vie. Dur à dire mais c’est un fait.
J’avais très peur de bouger ma jument, qui était au même endroit depuis plus de dix ans.
Je ne vais pas énumérer toutes les raisons ici, mais l’évolution que prenait son pré ne me plaisait pas du tout.
Donc, j’ai profité d’un événement qui est arrivé dans sa (notre) vie pour enfin me bouger. Et mon dieu que je suis mieux pour elle !
Ne pas avoir à tout vérifier tous les jours, à me poser dix mille questions. Notre paix mentale est, d’ailleurs, un très bon argument pour déménager son cheval !
Changer, oui, mais pas n’importe comment
Ce n’est pas parce que ce changement était nécessaire que tous les changements le sont. Déménager un cheval reste un bouleversement. Il a besoin de stabilité, de repères, de routine. On ne peut pas changer d’écurie comme on déménage nous-mêmes.
Le cheval ne comprend pas ce qui lui arrive et vous lui retirez souvent ses copains. Cette décision ne doit être prise que pour le bien-être de votre cheval, pas parce que c’est plus pratique ici maintenant, et plus tard ailleurs.
Puis, si vous commencez à bouger votre cheval pour vous, vous chercherez toujours à voir si c’est mieux ailleurs… C’est comme les chevaux : l’herbe semble toujours plus verte dans le pré d’à côté… mais dans leur tête uniquement.
Dans mon cas, c’était mûri, observé, longtemps repoussé. Maintenant, je le sais : ce nouveau lieu, je ne l’ai pas choisi pour moi, je l’ai choisi pour elle et j’espère qu’elle y restera toute sa vie.
Conclusion
Déménager son cheval, ce n’est pas une question de confort personnel, c’est une vraie responsabilité.
Ce lieu ne doit pas convenir uniquement à vous mais surtout à votre cheval. Et parfois, la plus belle preuve d’amour, c’est d’oser partir pour lui offrir mieux.
Si vous vous posez des questions, si vous êtes tombé sur cet article, vous savez déjà quoi faire. Wink Wink.
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