Euh… C’est quoi cet article venant d’une « pro pieds nus extrémiste anti fer » ? Que s’est-il passé ? Pourquoi décider d’écrire un tel article ?
Eh bien en fait, c’est assez simple… Cela fait plus de 6 ans que j’ai passé ma jument pieds nus. Cela s’était d’ailleurs très mal passé les premiers mois (voir article : https://hoofspire.com/ma-jument-enfin-sans-fers/) et, aujourd’hui, après 6 ans de sensibilité bien trop visible, j’ai décidé de prendre une autre route avec ses sabots. J’ai décidé d’accepter que malgré les belles améliorations, elle sera toujours sensible sur les cailloux.
Attention, je ne dis pas que je vais referrer ma jument ! Je continue de penser qu’un morceau de fer n’a aucun sens et je ne comprends toujours pas ce système MAIS… je commence un peu trop tard à réaliser que les pieds nus… Ce n’est pas non plus toujours la solution… Les explications arrivent ! Ne commencez pas à vous énerver, je vais tout vous expliquer calmement.
Après plusieurs recherches et analyses, j’ai trouvé exactement 4 groupes de raisons pour lesquelles un cheval peut ne jamais s’adapter au passage pieds nus. Certaines raisons sont adaptables mais d’autres… Nous ne pouvons rien changer. Nous avons ainsi la génétique, la santé, l’usage et le terrain.
La génétique
Le premier critère sur lequel on ne peut strictement rien changer est la génétique. La génétique influence plusieurs éléments : la structure, la forme et la solidité des sabots. Ainsi, un cheval peut hériter de sabots solides et résistants, tandis qu’un autre peut hériter de sabots sensibles et fragiles. On pourrait ainsi comparer les robustes sabots des chevaux mustangs face aux fragiles sabots des pur-sang anglais. Ces deux races ne naissent pas égales en sabots (et d’ailleurs sur plein d’autres sujets… mais ce n’est pas le sujet de l’article… encore un coup de la superbe sélection génétique humaine).
L’hérédité influera donc sur la résistance, la forme, le taux de croissance des sabots, la solidité, etc. et on ne peut changer cela sur un animal qui est déjà né.
Pour faire une vulgarisation très rapide : si votre cheval a des pieds pourris et fragiles de base, ils resteront pourris et fragiles. À moins que vous passiez votre vie à le faire marcher des heures et des heures sur des cailloux tous les jours, il y a peu de chance que, par exemple, sa sensibilité disparaisse. Un petit renforcement quotidien n’aidera malheureusement pas. Un sabot non adapté, c’est génétique.
La santé
Entre les fourbures, le syndrome naviculaire, les pieds bots, les seimes, les fissures, les fractures, d’autres types d’inflammations chroniques, ou n’importe quelles nouvelles infections, il peut y avoir des centaines de raisons qui empêcheront un cheval de rester pieds nus et qui lui feront plus de mal que de bien en tentant toute adaptation.
Ces décisions sont toujours à prendre avec l’avis d’un (ou plusieurs) vétérinaire(s) et jamais seul.
C’est embêtant mais c’est la vie. Il vaut mieux un cheval ferré qui ne souffre pas. Attention, je ne dis pas qu’il faut referrer un cheval fourbu ou un cheval atteint d’un autre problème. Je dis qu’il y a des cas qui imposent la ferrure (ou tout autre type de protection) selon les vétérinaires. Parfois, il faut savoir aller contre ses principes pour le bien-être physique et moral d’un animal.
L’usage
Quand j’entends usage, j’entends ce que l’on fait de son cheval. Si le cheval reste au pré, en général, il n’y a aucune raison pour que le passage pieds nus se passe mal. Mais, si vous avez prévu d’enchaîner les courses d’endurance de 160 km toutes les semaines, peut-être que les sabots s’useront vite, voire trop vite. Un sabot, c’est un fait, ça s’use.
Plus vous travaillerez un cheval, plus la stimulation du sabot se fera (et c’est très bien pour le sabot), mais plus la paroi s’usera. Si vous avez prévu d’en faire beaucoup, les pieds nus ne seront clairement jamais suffisants. C’est pour cette raison qu’on a inventé les fers, hipposandales et autres protections pour les sabots. L’avantage de ce point est que si on veut laisser son cheval pieds nus, on a juste à s’adapter à ce qui est physiquement possible.
Je parle de ce point, l’usage, mais je sais pertinemment que, normalement, personne ne surutilise son cheval. Vous ne devriez même pas avoir à vous poser cette question si vous êtes en train de lire cet article. J’espère tout de même que votre cheval va bien si c’est le cas ahah.
Le terrain
Le terrain… alors, on a beau dire que le sabot d’un cheval s’adaptera à force de marcher tous les jours sur des cailloux, je vous l’annonce tout de suite : spoiler alert, NON. Voilà, c’est faux. De mon côté, c’est testé depuis 6 ans et ce n’est pas du tout approuvé. Un cheval peut rester sensible toute sa vie sur les cailloux. Je parle de « décider », mais je sais très bien que cela ne peut pas être que dans sa tête.
Donc… si vous vivez dans un environnement ultra caillouteux (un environnement dans lequel vous ne pouvez même pas marcher pieds nus) et que votre cheval est toujours sensible, il est possible qu’il… reste sensible toute sa vie. C’est vraiment contraignant, je vous l’accorde, mais c’est un fait possible. Arrêtez de vous acharner (comme je l’ai malheureusement fait) et de vous dire qu’un jour ça ira. Que l’homéostasie, la construction des tissus, blablabla…
Non, il est possible que ça n’aille jamais. Abandonnez l’idée en laissant votre cheval tranquille. Au final, ce n’est pas du tout grave et il existe plein de solutions pour parer à ce problème.
Les différentes solutions
Solution 1 : L’environnement idéal
La première solution serait de fournir un environnement de vie parfait à son cheval. Exit le box et les prairies de vaches. Trouvons une sorte de Paddock Paradise dans une forêt avec une variété alimentaire à en rendre jaloux les autres propriétaires de chevaux. Des chevaux qui mangent bien, qui marchent beaucoup sur des terrains variés. L’idéal. Je vous l’accorde, cette solution n’est pas la plus simple à trouver et est un peu trop rêveuse, donc explorons d’autres options.
Solution 2 : Le laisser au pré
La deuxième solution serait de ne pas travailler son cheval, le laisser au pré. Il ne marchera plus sur les terrains « douloureux » et sera heureux. Il pourra rester pieds nus sur son herbe confortable et vous aussi, par la même occasion. Il y a un défaut avec cette solution : il risque de grossir à ne plus rien faire. Ce n’est peut-être pas non plus la meilleure option, passons à d’autres possibilités…
Solution 3 : Travailler sur des terrains appropriés
Une troisième solution est de ne travailler son cheval que sur des terrains qui lui conviennent. Cela enlève le fun et la variété du travail, mais c’est une solution assez simple. On évite les cailloux et on ne travaille que sur sable, route en bitume et herbe. C’est contraignant, mais c’est possible. C’est ce que je fais aujourd’hui.
Solution 4 : Alternatives aux fers et aux pieds nus
La dernière solution est de trouver des alternatives aux fers et aux pieds nus. On peut monter avec des hipposandales par exemple, ou mettre des protections qui ne sont pas en fer. Le cheval sera soulagé et pourra de nouveau marcher instantanément sans gêne sur tous types de terrains. Un article arrive le mois prochain sur le sujet de ces alternatives car je suis en plein test. Je ne veux pas proposer quelque chose qui, si je le réalise, ne serait pas une bonne solution. J’y ai déjà trouvé plusieurs points négatifs… Mais je ne vais pas spoiler mon article… Plus intéressant qu’un épisode de série TV bien sûr…
Conclusion
N’oublions jamais que tous les chevaux sont différents. Ce serait cette phrase que vous devriez retenir de cet article. Ce n’est pas parce que mon cheval ou celui d’un autre restera sensible toute sa vie que le vôtre le restera, s’il l’est aujourd’hui.
Entourez-vous toujours de professionnels (je parle de vétérinaires, pas de coachs ni de moi), pour avoir de réels avis scientifiques. Consultez, écoutez, réfléchissez, analysez, et vous saurez si votre cheval peut être pieds nus ou non. Je ne suis pas du tout contre les pieds nus et compte laisser ma jument pieds nus, mais… Je dois m’adapter à sa génétique et accepter qu’elle ne peut pas être pieds nus au travail. Mieux vaut tard que jamais et c’est pour ça que j’espère que vous ne perdrez pas autant de temps que moi à attendre qu’une magie opère et penser que c’est normal si le cheval est sensible. Je l’ai toujours laissé choisir son terrain, c’est déjà ça, mais je compte l’aider avec les cailloux quand il n’y a pas d’autre choix que de passer par là.
J’espère que mon article vous aura fait réfléchir et vous aura aidé sur le sujet.
On se retrouve le mois prochain !
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