Le monde évolue, le monde change. Certains changements sont positifs, d’autres moins. Certains sont discrets, d’autres sont radicaux. Les gens n’aiment pas le changement, se plaignent, mais souvent, finissent par s’adapter. Comparons simplement les années 2000 aux années 2020 : entre l’essor de l’IA et des réseaux sociaux, nous ne vivons plus du tout la même vie.
Pourtant, il y a un univers dans ce monde qui n’a pas l’air de changer assez vite : le monde du cheval. Quand je compare le centre équestre de mon enfance à aujourd’hui, je suis choquée par le peu d’évolution. Je ne comprends pas. Et pourtant, c’est l’un des centres équestres qui a le plus changé. J’y ai vu quelques petits changements agréables comme l’utilisation d’un mini-escalier pour éviter de casser le dos des chevaux, la réduction des heures de travail, ou encore la mise au paddock, et pas seulement en été. C’est mieux que rien, et c’est déjà pas mal. Mais en attendant, les chevaux sont maigres, vivent au box, ne mangent pas assez et travaillent trop.
Les cavaliers se concentrent toujours sur l’esthétique, cherchant le plus joli des tapis au lieu d’essayer de monter leur cheval mou sans éperons. Pourquoi ? Et j’ai une autre question : pourquoi les « nouveautés » dans ce monde sont-elles souvent mystiques ? Entre la communication animale, l’ostéopathie, l’homéopathie, pourquoi autant de pratiques réfutées (aujourd’hui) par la science ? Beaucoup de questions auxquelles nous allons essayer de répondre. Je ne garantis pas que nous aurons de bonnes réponses, mais nous allons analyser tout cela.
Les vieilles pratiques qui persistent
Combien de vieilles pratiques sont encore beaucoup trop répandues ? Je n’ose les compter, mais vous allez voir qu’elles sont encore bien trop souvent considérées comme normales dans le monde du cheval.
L’environnement du cheval
Si vous lisez mes articles depuis un moment, vous savez ce qui, pour moi, constitue un environnement idéal pour un cheval. Il y a trois fondamentaux : un cheval doit pouvoir bouger librement, sociabiliser, et manger en continu. S’il a tout cela, son environnement est adapté. Pas parfait, car on peut toujours améliorer, mais au moins adapté à son bien-être de base.
C’est assez simple, pourtant… Il existe encore beaucoup trop de box en France. Beaucoup trop de personnes n’offrent pas ces trois éléments essentiels à leurs chevaux.
Les croyances perdurent, les gens projettent leurs propres besoins de confort sur leurs chevaux. Un box, c’est plus chaud, plus doux. Mais pendant ce temps, dans son box, un cheval ne peut ni être avec ses congénères, ni bouger, ni manger librement. Il mange d’ailleurs souvent trop de céréales, alors qu’il devrait consommer davantage de fibres.
Le box est néfaste pour sa santé et son bien-être. Il suffit de regarder les troubles visibles qui en découlent : agressivité ou apathie, tics, coliques, ulcères gastriques, maigreur, problèmes respiratoires. La liste est longue, et je ne parle même pas des problèmes invisibles.
Les méthodes d’entraînement
Comment se fait-il que les enrênements soient encore autant utilisés aujourd’hui, en 2024 ? Pourquoi voit-on encore, sur les terrains de concours club, autant de mors sévères, de gogues, d’éperons, etc. ? Je dirais que, grâce à l’arrivée de jeunes cavaliers, c’est dans ce domaine que l’on observe de nombreuses nouveautés (monte sans mors, en cordelette, etc.), mais ces innovations se limitent à quelques comptes Instagram. Et quand on sort de notre bulle idéale… Regardez les derniers JO de Paris, beaucoup de cavaliers n’ont toujours pas prévu de changer leurs mauvaises habitudes, notamment concernant l’usage des mors sévères. On continue de monter avec sévérité et/ou sans patience nos chevaux, et c’est bien dommage.
On sait aujourd’hui que la musculature d’un cheval évolue jusqu’à l’âge de 5 ou 6 ans, pourtant les débourrages commencent encore à 3 ans ! Trois ans ! Certains chevaux ressemblent encore à des poulains à cet âge. Et je ne parle même pas du monde des courses, où, sans vouloir exagérer, ils sont déjà considérés comme trop vieux à 3 ans… Oui, j’exagère un peu, mais les cycles classiques pour les chevaux de 4 ans, c’est quoi ce délire ? Le monde de la compétition de haut niveau m’étonnera toujours. Les cavaliers continuent de monter leurs chevaux trop tôt et leur demandent bien trop d’efforts trop rapidement. Rien ne change, même si, autour de nous, dans le loisir et en petit comité, des évolutions positives se font. Tant qu’il y aura des concours destinés aux jeunes chevaux, ce monde n’évoluera pas…
La ferrure
Le dernier point, ce sont les fers ! Les fers en métal ! Pourquoi tant de personnes continuent-elles cette pratique moyenâgeuse sur les chevaux ? Pourquoi les « chaussures » pour chevaux ne sont-elles pas plus développées et répandues ?
Car oui, je l’admets, le pied nu reste délicat selon l’utilisation du cheval (cf cet article). Mais des fers, encore aujourd’hui, c’est la pratique persistante que je comprends le moins. La rigidité de ce matériau empêche toute souplesse et tout amorti. C’est comme faire du VTT sur des gravillons sans amortisseurs… Bonjour la casse !
Cette pratique n’a aucun sens, et je suis étonnée que les chevaux aient pu se développer aussi bien avec cet objet de torture. Le rôle d’un fer en métal est simplement de compenser l’usure excessive des sabots, qui était bien plus importante lorsque nos chevaux marchaient et travaillaient beaucoup plus, dans les siècles passés…
Ça fait quand même beaucoup de pratiques qui ne changent pas, ou très peu. Mais alors, pourquoi cette résistance au changement, à l’évolution ?
Pourquoi cette résistance au changement, à l’évolution ?
Il y a deux explications claires qui freinent ce domaine : l’impact économique énorme que représenterait un changement global pour le bien-être des chevaux, et une incohérence fondamentale : l’amour des chevaux vs leur exploitation… Mais, je détaillerai tout cela dans la partie 2 de cet article. J’y parlerai notamment des évolutions qui vont dans la mauvaise direction… Un peu de suspense ! L’article sortira exactement le 4 octobre 2024, donc notez-le dans vos agendas.
D’ailleurs, pour ceux qui attendent l’article sur les hipposandales, je suis toujours en train de les tester et suis encore en plein doute, donc l’article sur ce sujet sortira bien plus tard. Je ne souhaite vraiment pas dire n’importe quoi.
A très bientôt pour la partie 2 !
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